ITW HUGO DRECHOU, SA SAISON 2015, SES AMBITIONS 2016
October 12, 2015Rencontré deux jours avant le Roc d’Azur du 11 octobre dernier, Hugo Drechou m’a livré ses impressions sur sa saison réussie (21e du général de la coupe du monde, 9e des championnats du monde) et sur la prochaine grande échéance, les Jeux Olympiques à Rio l’été prochain.
Peux-tu me faire un bilan de ta saison 2015 ?
Je me souviens que lorsqu’on s’était vu la dernière fois c’était la veille de l’ouverture de la saison à Marseille (lire ici). J’étais très motivé, je pensais être en forme et au final j’étais passé complètement au travers. À l’arrivé on s’était vu et j’étais vraiment grise mine mais je me souviens que mon entraineur, mon entourage m’avait dit :”Mais non ne t’inquiète pas, c’est prévu, ll faut être en forme fin mai pour la première manche de la coupe du monde”. C’est vrai que j’ai toujours le souci de bien faire, d’être en forme tout le temps. En faisant le bilan de fin de saison avec mon entraineur Mickael Bouget, je lui disais que je n’étais pas en forme assez souvent pendant la saison. Il m’a répondu :”C’est normal, à part si tu t’appelles Julien Absalon, tu ne peux pas être en forme sur toutes les courses que tu fais”. Mais finalement j’ai quand même fait une très belle année et j’en suis satisfait.
À quel moment étaient programmés tes pics de forme ?
J’en avais un fin mai, pour l’ouverture de la coupe du monde, un autre pour le milieu de l’été avec les championnats de France, d’Europe et manches américaines et enfin un au championnat du monde. Au final ça s’est bien déroulé sauf au championnat de France où je pense m’être trop mis la pression. C’est bien la première fois que je me mettais cette pression, j’étais tendu à l’échauffement, je me suis dit :”tiens, c’est inhabituel”.
Avec cette saison réussie tu vas repartir sur la même préparation que cette année ?
Là ça fait trois ans que j’ai commencé à faire du cyclo-cross pendant l’hiver et je coupais plus tôt, quasiment trois semaines en avance par rapport à cette année où je fais le “Roc d’azur”. Donc j’ai retardé un peu mais je ferai une véritable pause en entrée d’hiver avec trois semaines sans vélo, cela fait quatre ans que je n’ai pas fait une si longue coupure. C’est vrai que l’on va un peu changer la préparation car l’année prochaine il y a l’objectif de la qualification aux Jeux Olympiques à Rio. On sait que cette année il y a que Julien Absalon qui a rempli les critères de sélection. Je pense que les trois premières manches de la coupe du monde l’an prochain vont permettre d’en savoir un peu plus sur un possible billet pour le Brésil.
Ce week-end c’est aussi le test olympique à Rio et chez les hommes, Julien Absalon, Maxime Marotte et Jordan Sarrou ont été retenus, pourquoi pas toi ?
Après les championnats du monde, Yvon Vauchez, le sélectionneur national m’a dit que j’étais clairement le troisième homme après Julien et Maxime en vue du voyage à Rio au test event. Il m’a téléphoné une semaine plus tard pour me dire que finalement, une sélection plus restreinte était décidée avec Julien et Maxime. J’ai très bien accepté son choix car ils sont plus fort que moi donc il n’y a pas de problème, ce n’est pas comme s’ils avaient pris un troisième homme. Mais quelques jours plus tard j’ai appris sur la page Facebook de Jordan Sarrou qu’il était sélectionné.
Tu fais partie des meilleurs en coupe du monde et tu es un des seuls à évoluer dans une équipe locale, (Calvisson VTT est un grand club du département du Gard avec une école de VTT NDLR) t’apporte-t-elle tout ce dont tu as besoin ?
Oui et non. Je suis bien où je suis, niveau matériel et encadrement mais ce qui me pousserait à partir c’est de pouvoir évoluer avec des coureurs plus expérimentés. Là en fait, d’être leader de l’équipe me dérange de plus en plus. Je me souviens que l’année où j’étais dans le team New Cycling avec Ludovic Dubau, j’ai beaucoup appris de par son expérience.
Tu n’as pas eu de propositions de contrat après les championnats du monde ?
Je pensais parce qu’avec mon résultat, quand on regarde les pilotes qui sont devant et derrière je suis un des mieux placé vu mon âge. C’est le contexte pré-olympique qui fait que les équipes sont plus sur la stabilité. Ils veulent plus bouger sur des coureurs qui sont sûrs d’aller aux J.O.
Justement, quelle équipe te fait le plus envie et auprès de quel coureur tu voudrais progresser ?
Alors ça serait l’équipe Multivan Merida de part sa diversité de talents mais aussi de nationalités (six coureurs, un espagnol, une norvégienne, un suisse, un allemand, un néerlandais et un tchèque NDLR). Je pense qu’intégrer ce genre d’équipe te fait gagner énormément sur le plan humain et évidement vu la qualité de l’effectif tu gagnes aussi sportivement.
Est-ce que tu n’as pas trouvé un peu ennuyante cette saison de coupe du monde avec toujours le même duel Absalon-Schurter, même si toi tu le vis de l’intérieur ?
Oui effectivement cela peut être ennuyant mais en même temps tout le monde attend ce duel là. À chaque manche les gens se disent : “Qui va gagner ? Absalon ou Schurter ?“ c’est vrai que cette année c’était surtout Shurter qui a gagné. Il n’y a pas très longtemps je regardais les classements du top 10 de l’année 2010, lors de ma première année élite et c’était quasiment les mêmes résultats que cette année. Il y a Fontana, Fumic, Fluckiger qui terminent troisième, quatrième, septième et je me dis au mieux les mecs ils finissent troisième. Depuis qu’ils font du vélo, il y a toujours eu un mec qui leur barrait la route, avant juste Absalon et maintenant en plus Nino Schurter. Florian Vogel disait dans une interview que troisième c’est déjà une victoire parce que devant ils sont intouchables. Donc pour moi ce n’est pas frustrant vu que je vois ça de l’intérieur et quand j’arrive je demande juste qui a gagné. Mais je me dis que si d’ici deux ans j’ai la capacité de jouer le podium et qu’à ce moment là je suis toujours devancé par les mêmes, là ça sera frustrant.
Tu ne penses pas que la solution pour les battre serait d’attaquer plus tôt dans la course pour les faire douter mentalement ?
Ralph Naef qui a mis un terme à sa carrière cette année réalisait ce genre de numéro il y a quelques années en bouclant les deux ou trois premiers tours en tête à plein régime mais il craquait à la fin. Donc si j’arrive un jour à ce niveau, j’essayerai de tenter cette stratégie plutôt que d’attendre le dernier tour en sachant pertinemment que je vais me faire battre.
Ce week-end c’est le Roc d’azur, qu’est ce que cela représente pour toi ?
Un beau moyen de gagner en notoriété, une belle ligne au palmarès et une belle épreuve avec un niveau international. Je n’ai plus préparé sérieusement la course depuis mon année junior où j’avais terminé premier et cela fait trois ans que je n’aie pas participé à la course reine des 56km, je m’étais essayé au Roc Ruelles entre temps.
Qu’est-ce que tu penses du parcours ?
Il est caillouteux, rapide, un peu comme chez moi et c’est l’un des seuls parcours où je prends autant de plaisir à rouler pendant la course., je suis toujours content d’être ici.
Si jamais dimanche tu es devant, tu penses faire la différence à quel endroit ?
Si je me retrouve devant, je pense plutôt attendre, après cela dépendra des coureurs avec qui je serai. Mais c’est vrai qu’il ne faut pas trop attendre car lorsqu’on arrive sur la partie roulante après cela devient difficile. Mais c’est plus beau une arrivée au sprint que solitaire. Arriver sur les derniers hectomètres en bagarre avec un autre, je sais que personnellement ça me donne du plaisir mais pour les spectateurs c’est beaucoup plus beau.
Sinon tu prends le temps de regarder les nouveautés sur le salon du Roc d’azur ?
Oui, j’aime regarder les nouveautés même si avant une course on ne doit pas trop rester debout pour s’économiser. Cette année comme j’ai préparé la course je suis venu un jour avant pour pouvoir me détendre et profiter tranquillement. Sinon je suis beaucoup l’actualité sur les sites internet.
Après sa course, j’ai recueilli ses impressions par téléphone…
Qu’est-ce qu’il s’est passé, tu n’es pas dans les résultats ?
J’ai explosé ma roue avant dans une des dernières descentes avant d’arriver au col du Bougnon. C’était une partie avec des grandes crevasses avec une énorme ornière centrale. En fait, mon pneu avant était à la réception sur une partie rocheuse en dévers et en une fraction de seconde il a explosé. Du coup je me suis retrouvé sur la jante et j’ai constaté qu’elle était très abîmée donc impossible pour moi de remettre le pneu en place. À ce moment là, j’ai retiré mon pneu et j’ai roulé sur la jante pendant environ 3km pour rejoindre le col du Bougnon. Mais au bout d’un moment elle ne tenait plus, les rayons commençait à se désolidariser et la jante usait le haut de la fourche. C’est là que j’ai pris la décision d’abandonner. J’étais avec le deuxième avant mon incident, il restait encore 20km et je me sentais encore confiant pour la victoire. Malgré ma bonne saison, je suis frustré d’avoir loupé un objectif, c’est dommage que cela arrive suite à un problème technique.
Le palmarès 2015 de Hugo Drechou
9e des championnats du monde
9e des championnats d’Europe
21e des Jeux Européens de Bakou
21e du classement général de la coupe du monde (24e, 10e, 17e, 36e (crevaison), 13e)
3e du classement général de la coupe de France (8e, 3e, 1e, 5e, 4e)
5e des championnats de France et champion de France du relais des comités
Retrouvez son actualité sur son site internet : Hugo Drechou
Bruno DONNANGRICCHIA