CONCERT/ITW/LA FINE EQUIPE
December 13, 2014Les boulangers de La Fine Equipe avaient donné rendez-vous samedi 6 décembre au Cabaret Aléatoire de la Friche de la belle de mai à Marseille pour une soirée spéciale “NOWADAYS RECORD PARTY”. En pleine promotion pour la sortie de leur dernier album ”La Boulangerie 3”, ils en ont profité pour présenter au public l’ensemble des artistes de leur label. Habituellement quatre beatmakers, ils étaient ce soir là que trois (oOgo, Chomsk’ et Gib) puisque Blanka jouait avec « JUKEBOX CHAMPIONS, son side project.
Cela vous fait quoi de revenir à Marseille ? (Ils sont originaires de Marseille excepté Chomsk’ qui est parisien NDLR)
oOgo : Ça fait plaisir car cela fait un moment j’ai l’impression qu’on a pas fait de date à Marseille. En plus là, on fait un concert de La Fine Equipe mais ce qui est encore plus cool ce soir, c’est que c’est une soirée du label. Il y a toute la famille, tous les potes, toute l’équipe, donc ça fait bien plaisir. C’est la première soirée Nowadays records à Marseille.
Vous vous sentez plus à l’aise à Paris ou c’est deux univers différents ?
oOgo : C’est très différent pour nous, après les cinq dernières années même plus on a habité à Paris. On ne se sent pas parisien mais on est habitué et on est super à l’aise à Paris. On a un nouveau réseau d’amis, on fait plus de choses là-bas qu’à Marseille maintenant. C’est vraiment cool de revenir ici de temps en temps, à part en été où on essaye de descendre le plus possible. Mais là ça faisait un moment donc c’est complètement différent, il y a plus le côté famille, amis d’enfance, potes du lycée donc c’est un autre délire et c’est cool.
La Boulangerie 3 regroupe les sons des deux premiers volumes avec une touche de modernité, pouvez-vous nous en parler ?
Chomsk’ : À chaque volume on apporte un peu de nouveauté parce qu’ils ont tous trois ans d’écarts et la scène évolue entre temps. Nous on rencontre d’autres personnes aussi puisqu’il y a les tournées. Il y a les gens avec qui on est amené à travailler et puis le fait qu’on a maintenant l’expérience du live, on monte les sons différemment aussi. Du coup on a une autre approche du beatmaking alors qu’avant nous travaillions à la maison sur des boucles et des sampleurs. Aujourd’hui, les outils ont un peu changés donc c’est vrai que le son s’est un peu transformé. Je pense que nous avons la même base, très hip-hop autour du sampling mais ça évolue vers d’autres sphères.
Ce nouvel album est d’avantage électro et plus commercial, c’était un souhait ou cela a évolué naturellement ?
oOgo : La particularité du son de cet album est que nous avons beaucoup fait de concerts, cela fait seulement deux ans et demi qu’on a commencé les lives. Je pense qu’en tournant, notamment dans des clubs avec des dj set, nous avons naturellement cette musique qui nous a bien imprégnée. Nous avons aussi une façon de construire les morceaux pour le live, c’est quelque chose d’un peu plus vivant, un peu plus construit et fait pour le jouer en live. Je pense que c’est ça qui a beaucoup joué à l’évolution du son à part le fait que la musique évolue tout court et nous, nous évoluons mais le live nous a permis d’avoir une autre approche de la musique qui avant était plus une musique de studio.
Sur le clip du titre “Make U Greedy” vous mettez en avant un coeur, c’est un manière de dire que vous faite de la musique avec votre coeur, vos émotions ?
oOgo : En fait c’était particulier sur ce morceau, parce que c’était l’EP Lov For Eva avant “La Boulangerie 3”. C’est suite à un voyage en Grèce où nous avions été super bien accueillis là-bas. On a passé un bon moment, on est resté deux ou trois jours là-bas et les filles qui nous on accueillies ont trouvé le titre “Lov For Eva”. Sur le EP, elles disaient merci, on a vraiment eu un coup de coeur pour« Thessalonique », du coup le nom est resté. Elles ont dit, « La Fine Equipe » ou LFE pour “Lov ForEva”. On a fait tout un EP autour du thème love et notre graphiste monsieur Walter nous a fait un dessin avec le coeur et on a gardé ça. Remi Paoli a réalisé la video par la suite, il avait fait un clip pour C2C qui s’appel ”Arcades”, il travail beaucoup dans l’animation. Il avait bien aimé le truc du coeur du coup il a gardé ce thème. Ça va pas plus loin que ça c’est juste qu’au moment où on a fait l’’EP, il y avait eu un partage avec les gens, des gens que tu connais pas, en une soirée tu as l’impression de les connaître super bien. On est pas habitué à parler d’amour et à être cucul, on est assez pudiques là-dessus. Au final, c’était le résultat de nombreuses rencontres. C’est hallucinant l’échange avec les gens, on a gardé ça donc c’était un peu notre période, love, peace and love.
On constate une évolution entre le hip-hop assez sombre du titre ”Gremlins feat ASM” et la chaleur du dancefloor, si on peut dire ça comme ça de « Lov For Eva ». C’est une évolution inconsciente ou c’est une volonté de marquer une rupture avec vos anciennes productions ?
Chomsk’ : C’est plus de l’ordre de l’inconscient parce que nous on compose tous les jours, dès qu’on est dans un train ou quand on a un moment de libre, on emmène notre ordinateur avec nous et on fait des tonnes de morceaux tout le temps. Et là on avait fait ce morceau avec ASM, donc « Gremlins », et ça nous a donné la direction de l’EP. On s’est dit : « C’est génial » et nous avions envie de revenir vers un truc plus rap, plus sombre. Du coup, on a réuni des morceaux que nous avions en commun
D’où vous est venu le concept de la boulangerie ?
Chomsk’ : Cela vient d’une grosse influence, notre patron du beatmaking s’appel J Dilla qui est décédé en 2006 et qui avait fait un album posthume qui s’appelle ”Donuts”. Nous voulions lui rendre hommage avec “La Boulangerie” qui était un peu le donuts à la française. C’était un peu le même type d’album avec le même format, des beats très courts et des instrus qui s’enchainaient. Pour nous quand c’est sorti à l’époque, c’était super novateur.
Qu’est ce qui a influencé “La Boulangerie 3 cette fois-ci ?
Chomsk’ : Je pense qu’on s’est auto-influencé dans le sens où on a réussi à regrouper une scène autour de “La Boulangerie”. Au départ, nous avions invité des gens mais c’était via Myspace, c’était des jeunes beatmakers qui n’avaient rien sortis comme nous. Et aujourd’hui quand les gens parlent de « La Boulangerie » ils savent d’où ça vient, de quel milieu c’est.
Y aurait-il un featuring qui vous fasse rêver ?
Chomsk’ : Il y en pas mal mais avec Mf Doom, Busta Rhymes c’est un peu les rappeurs qui nous font kiffer, Phil Collins (rires), c’est difficile il y en a beaucoup.
C’est quoi votre meilleur souvenir sois de vos collaborations, sois sur scène ?
Chomsk’ : Sur scène il y a Marsatac en 2011 qui était un peu le point de départ pour nous de notre aventure de scène, de tour. Xzibit était venu avec nous sur scène, c’était une surprise et nous avions eu un retour énorme de la part du public. Puis dernièrement la soirée pour la “Boulangerie 3” au Pan Piper à Paris. C’était vraiment cool aussi parce que nous avions invité des boulangers. C’était la première fois que nous en invitions sur scène c’était une belle soirée.oOgo : On a fait aussi un tour avec Hoosky notre side project Chomsk’ et moi au Brésil et c’était super cool. Dès qu’on sort de la France c’est génial, on a la chance de partir de temps en temps. Puis comme dit Chomsk’, la soirée de la semaine dernière était superbe, il y avait tout notre public, c’était “sold out”, il y avait un after génial derrière, on a passé un putin de moment, et ce soir j’espère que ça sera la même chose.
Est ce que ça vous plairez d’être reconnus par le grand public, à l’image des C2C ?
Chomsk’ : Bien sur, on ne va pas mentir, nous aimerions que notre musique puisse vivre partout . La différence avec les deux premiers albums est qu’à l’époque, c’était un album avec des artistes qui faisaient de la musique dans leurs chambres avec aucun retour direct avec un publique. Ils ne jouaient pas sur scène donc c’était vraiment spécial pour l’époque, c’était vraiment des petits morceaux d’une minute trente, deux minutes, des boucles quoi. Et comme je disais, grâce à l’expérience du live on a su transformer nos morceaux, les faire découvrir au gens et créer un public, oui ça va dans le sens là, totalement.
Quel est selon vous la révélation de l’année ?
oOgo : Il y en a beaucoup mais je pense à Yann Kesz qui est là depuis un moment et qui joue ce soir. Il a sorti son EP ”Reflexxions Series” il y a un mois et demi, cela faisait un moment qui ne sortait plus de projet. C’est un peu notre grand frère dans le beatmaking, c’est un mec qu’on suit depuis un moment. Maintenant on a la chance de le compter parmi le label. Ce n’est vraiment pas parce que c’est nous mais ça fait parti des superbes sorties qu’il y a eu cette année. Après il y a eu Flying Lotus qui a sorti un album que j’aime beaucoup aussi, Taylor Mcferrin. Après il y a pleins d’artistes sur Souncloud,il y a une scène de jeunes beatmaker qui bougent bien dans le délire de Soulection, Kaytranada, on va dire les mini Flume et des mecs dans la bass musique, il y a plein de bons artistes. En ce moment Everydayz et Phazz qui font la soirée avec nous, font partis des gars, qui sont entrain de bien exploser et qui apportent une fraicheur dans la musique qu’on aime bien.
À quel artiste ou groupe on pourrait comparer la Fine Equipe à l’heure actuelle ?
oOgo : Il n’y a pas beaucoup de monde, on a un style assez bizarre parce qu’on fait beaucoup de collaborations. On est quatre, difficile de trouver une comparaison mais en tout cas on peut parler de famille. Tu vas retrouver « C2C » clairement, un peu plus éloignés, des mecs comme « Chinese man ». Si tu veux, on est entre l’ancienne génération hip-hop un peu « old school »et la nouvelle scène plus bass, newbeat, future beat, il y a deux milles noms mais tu vois un peu le nouveau trip-hop donc c’est cette scène là qui nous parle et nous on se sent faire partie de cette famille.
Quels sont vos projets pour l’année 2015 ?
oOgo : Le prochain but c’est de developer le live et on travaille en ce moment sur un spectacle un peu plus abouti avec plus de vidéos et des lumières. Ce qu’on souhaite, c’est de faire des super spectacles dans des grosses salles et faire un maximum de concerts en 2015.
Vous pourrez les retrouver le 19 et 20 décembre à Strasbourg (67) et Chateaulin (29) puis à partir de 2015 au Festival ”Les Hivernales” à Nyon (Suisse).
Pour les suivre c’est par ici : Site internet, Soundcloud, Facebook, Twitter
Bruno Donnangricchia
Interview réalisée en collaboration avec Léa Robert